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PARIS — Bernard Cazeneuve, Dominique de Villepin et Jean-Pierre Raffarin forment le trio de tête des anciens Premiers ministres les plus dépensiers, selon une note au projet de loi de finances écrite par Marie-Christine Dalloz. La députée Droite républicaine a obtenu le coût des avantages dont ont joui les anciens locataires de Matignon ces dernières années.
Après nos révélations sur un premier chiffrage le 8 novembre, Marie-Christine Dalloz a réévalué encore à la hausse leur coût dans son rapport final.
En 2023, 11 d’entre eux ont bénéficié de menus services (chauffeur, voiture, secrétaire) à hauteur de 1,42 million d’euros, un montant en hausse de 11% par rapport à 2022, lit-on dans le document final consulté par POLITICO.
Rien de pharaonique, même si un effort serait bienvenu, suggère Marie-Christine Dalloz. La parlementaire les appelle “à être davantage mesurés dans leurs dépenses par souci d’exemplarité au regard de la situation financière de la France”.
“Un ou deux [sont] particulièrement concernés, d’autant qu’ils vont souvent faire des commentaires sur les plateaux télévisés”, a-t-elle souligné mercredi en dévoilant ses travaux en commission des Finances. Invité régulier des matinales radio et télé, Dominique de Villepin se sentira peut-être visé.
Pour le patron de Villepin International, qui prodigue ses conseils aux dirigeants du monde, l’Etat a dépensé 6 287 euros en frais automobiles et 191 252 euros en frais de personnel, pour un montant total de 197 540 euros.
Si le premier chiffrage de Dalloz plaçait Dominique de Villepin en tête des ex les plus dépensiers, c’est tous comptes faits Bernard Cazeneuve qui mobilise le plus de moyens, pour un peu plus de 200 000 euros (180 994 euros pour le personnel, 20 393 pour ses déplacements). Il œuvre comme avocat associé au prestigieux cabinet parisien August Debouzy depuis la fin de son bail au sommet de l’Etat, en 2017.
Jean-Pierre Raffarin, dont les affaires prospèrent notamment en Chine, a coûté 167 467 euros, juste devant Lionel Jospin (162 012 euros).
Plusieurs autres dépassent la barre des 100 000 euros. C’est le cas de Manuel Valls, Edith Cresson, François Fillon et Edouard Balladur. Moins nécessiteux, Alain Juppé et Jean-Marc Ayrault ferment la marche.
A leur demande, les anciens chefs de gouvernement français peuvent bénéficier de ces avantages en nature, encadrés par un décret pris en 2019 sous Edouard Philippe. Ils sont octroyés pour une durée de dix ans à compter du départ de Matignon, et pas au-delà de leur 67 ans. Cette limite d’âge ne s’applique pas aux “PM” qui ont quitté leurs fonctions avant le décret.
Edouard Philippe et Laurent Fabius n’ont eux pas coûté un centime l’année dernière. La raison ? Ils occupent tous les deux un mandat ou une fonction publique (maire du Havre et président du Conseil constitutionnel), ce qui les empêche, au moins pour le moment, d’en profiter.
Quant à Jean Castex, patron de la RATP depuis 2022, il n’affiche aucune dépense de personnel et la plus petite enveloppe de dépenses automobiles, à 3 607 euros.
Elisabeth Borne et Gabriel Attal sont absents de la liste. Et pour cause, la première était encore à Matignon en 2023, et le second pas encore en fonction.
La somme des à-côtés accordés aux anciens Premiers ministres dépasse d’un peu celle de ceux offerts aux anciens présidents de la République, qui ne sont plus que deux “en activité”, si l’on ose dire. Mieux dotés en personnel, mais aussi pourvus d’un bureau, de matériel informatique et d’une enveloppe de “frais divers”, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont coûté 1,32 million d’euros à l’Etat l’année passée.
Cette somme a reculé sur un an de 5,4%, d’après les calculs de Marie-Christine Dalloz.
Toutes ces dépenses s’entendent hors indemnités de retraites et dépenses de sécurité, directement prises en charge par le ministère de l’Intérieur.
MISE À JOUR. Cet article a été complété le 22 novembre avec des chiffres réévaluées à la hausse par Marie-Christine Dalloz, afin de prendre en compte financièrement le coût des personnels mis à disposition par l’administration auprès d’Edith Cresson, Bernard Cazeneuve, Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Paul de Villepin a contribué à cet article.